mercredi 2 décembre 2009

Le Baiser


Ce matin là, il faisait gris, tu me tenais par la taille, serrée contre toi, tu ne me lâchais pas, j'aurais pu m'envoler avec ce vent fripon qui soulevait mes cheveux. Je sentais ton parfum parvenir à mes narines, j'avais le goût de ta bouche sur mes lèvres, tu m'avais embrassée quelques intants plus tôt dans le bus, gourmand, content de me retrouver. Je pouvais passer ma main sous ta veste, tu ne pouvais pas glisser tes bras sous mon manteau. Mais je me retenais, le contact électrique de nos deux corps aurait produit trop d'étincelles pour passer inaperçu même dans la ville la plus anonyme du monde.
Et puis nous nous sommes retrouvés là, devant ce bâtiment célèbre, presque au mètre près de cette photo fameuse. toi comme moi, l'avons pensé, sans l'avoir voulu, comme un baptême, comme un symbole, comme la continuité de l'histoire d'amour parisienne, par delà les générations et les années, toujours en noir et blanc...ton regard amusé et interrogateur, mes yeux dans les tiens et mon sourire affamé, oui, nous devions nous embrasser comme ce couple de parisiens pris dans l'objectif de Doisneau.
La foule autour de nous était disparate, la faute au temps maussade. Les bruits se sont atténués, une sorte d'émotion serrait ma poitrine et faisait battre cette veine à ton cou. Notre excitation était réelle, de désir comme de plaisir, nous serions comme eux, célèbre dans notre coeur au moins, puisque au grand jamais nous ne devions être reconnus nous, les anonymes...Nous avons regardé le ciel, les vieilles pierres, l'entrée de la galerie souterraine, nous étions seuls, tu m'as attrappée par la taille, je me suis retrouvée face à toi, mon ventre contre le tien, j'étais émue, plus que de coutume encore, c'était notre millième baiser, c'était notre premier. Nous sommes eux, ils sont nous, pour toujours nous avons en nous cette photo, ce souvenir, comme des milliers d'autres avant, comme tous les amoureux de la terre, mais à la difference près que nous, on s'aime.



Solveig

12 commentaires:

  1. avec ou sans la langue... à ton avis... sur la photo de l'époque...? période si chaste... si entravée... si enfermée dans la religiosité... que bien souvent on passait devant le maire... alors que les 20 ans ne s'affichaient pas au compteur des époux...
    quelle différence avec maintenant... où tout est possible...
    bref... un très joli texte plein de couleurs...

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  2. Je suis émue comme toi tu peux l'être ...
    Magnifique, Paris donne des idées, les plus belles !
    Mais pas trop d'accord avec Charles !
    Chaste, entravée cette époque, oui mais de façade parce que les amoureux ressemblaient bien à ceux d'aujourd'hui....
    Mes parents en plein dans cette époque justement, et revoir une photo datant de 1949 de mon père et une moto, ont ravivé de jolies souvenirs à ma maman un jour....
    J'ai été conçu dans un side-car, le soir au bord de la Marne près d'une guinguette !
    L'amour n'est jamais sage et heureusement....

    Ce texte me fait penser à un livre que peut-être tu connais de PH Delerm que j'aime beaucoup, Les Amoureux de l'Hotel de Ville, un baiser aussi... Qui raconte l'histoire d'un libraire qui pensait que ses parents étaient le couple photographié par Doisneau, superbe...

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  3. Charles...crois tu vraiment que deux êtres amoureux se retiennent d'y mettre plus que des sentiments? en plus, au sortir de la guerre ou pas si loin, je crois au contraire que la passion se devait d'être vécue passionnément et absolument..je dirais, la langue et les mains et à l'hotel, hop!
    Virginie, oui, bien d'accord!dans un side car!! ça alors! au niveau du confort, je ne sais pas, tant que le plaisir est là..:-) enfant de l'amour passion alors, c'est beau ça!
    Je ne connais pas ce livre. Et oui, imaginer que ce sont ses parents, c'est à la fois briser un tabou et grandir aussi ...
    Solveig

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  4. S'aimer à l'Opéra
    Se prendre à la Bastille
    Y croire au Sacré Coeur
    Pour Denfert avec toi.

    A Porte des Lilas, mon amour, sept fois.

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  5. Ella, j'adore ce programme!nul doute que je ferai tout pour m'y plier, y courir, y voler! merci! (et bienvenue)
    Solveig.

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  6. "Je sentais ton parfum parvenir à mes narines, j'avais le goût de ta bouche sur mes lèvres, tu m'avais embrassée quelques intants plus tôt dans le bus, gourmande, contente de me retrouver."

    Qu'en pensez-vous mon Amie ?;o)

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  7. Oui oui oui...qu'il ya beaucoup à en dire...mais allons nous tout dévoiler dès ce soir? :-)
    Solveig

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  8. Le Baiser, c'est le meilleur dans une relation, ce qu'on retient après...

    Le mot baiser est ambigü aussi. Un nom qui se transforme en verbe pour émoustiller, annonçant les jeux de mains ^^

    Un joli rendez-vous...
    vous publierez les photos ?

    Besooooooooooos Solveig ! ( et aussi Loève )
    Jack

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  9. Jack! oui, le baiser veut tout dire et tout faire, de la bouche aux mains, il n'y a que l'amour et le désir..
    Des photos? Les filles à Paris?

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  10. "c'était notre millième baiser, c'était notre premier." Magnifique. Les filles, vous me rappelez un jour ému où un homme m'a dit, "ne m'embrasse pas, je ne pourrais plus conduire..."

    je vous offre la photo d'une sculpture de celui qui, à mon avis, a matérialisé le mieux au monde le Baiser.
    http://seletpoivre.hautetfort.com/archive/2007/03/06/le-baiser.html

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Au plaisir de vous lire!