vendredi 27 novembre 2009

Paris#3


Tu coules dans mes veines, courant puissant qui étreint ma peine. Je ne sais plus qui je suis de toi ou de moi, qui m'ensorcèle. La lutte est subtile, de pas en entrechats, de sauts en entrelacs, je pirouette, comme une chatte qui débobine le fil de ta pensée.
Envoutée, je te suis des yeux, je dessine ton ombre avec mes cils, ma peau frissonne au souffle de ta vie.
Je pleure des larmes d'eau saumâtre, ou des gouttes de pluie sale,depuis que je t'ai quittée cet après midi là, franchissant tes remparts, tombés le matin, remontés le soir.
Ma tristesse est sombre comme la vase que tu charries, fatalité qui veut que tu sois si loin de moi.
Je ne peux pas t'oublier, parfois je le voudrais, comme de me laver de tes miasmes, qui recouvrent ma peau comme le linceul de ton deuil.
Femme de marin, je tourne le dos dès que ton bateau a quitté le port, je vaque à ma vie sans toi, comme si elle se finissait encore, et encore, puisqu'au fond, de nos retrouvailles jamais je ne suis certaine.
Va!
Mon coeur n'est pas assez grand pour contenir cette douleur, elle déborde de mon corps, elle se couche à mes pieds, ne la vois tu pas?
Je vais lui marcher dessus, lui faire un sort, la pousser du pieds dans un coin de mon âme, comme si fermer une porte permettait de fermer les yeux et d'anéantir le souvenir qu'il me reste de toi.
Que fais tu encore là?
Je t'adore et je te hais tout à la fois, je suis folle de toi et ça me rend folle, quitte moi pour que je puisse être affligée, pour que je puisse souffrir raisonnablement.
Pars! non! c'est moi!
Adieu.

Solveig.

12 commentaires:

  1. Ca c'est une lettre d'adieu. Paris va être tout triste... :-(

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  2. En même temps, ne jamais dire jamais.
    Merci Jack!
    S.

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  3. Dépêche toi d'y retourner, je suis sûre qu'il t'attendra... Trop triste les départs !
    Paris à tout de même de la chance....
    Tu l'as rendu encore plus magique avec tes récits....
    Merci...
    Souffrir raisonnablement, comment tu fais ?

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  4. Souffrir raisonnablement, c'est juste impossible. Souffrir, c'est bien si on peut se dire que tout peut recommencer...
    S.

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  5. ah ce Paris.... quel tombeur de filles... depuis des siècles... elles y succombent toutes, les unes après les autres... dès qu'elles l'approchent et le découvrent...
    il a un charme incomparable, des atours uniques et une histoire... presque aussi vieille que celle de ma lignée..
    alors je l'avoue aussi: j'aime Paris...

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  6. Je crois que j'aimerais bien mener l'enquête pour percer le mystère quasi charnel qui te relie, Solveig, à cette ville, en l'occurence à ce fleuve dont j'entends dire par ailleurs qu'il n'est pas (plus) aussi sale que tu veux bien l'écrire.

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  7. Dites moi Solveig....accepteriez vous de me lire à voix haute ce superbe "Paris#3"?

    S'il vous plaît, bien entendu, mon amie ...

    Loève

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  8. les mystères doivent rester mystérieux, sinon, c'est trop facile! Bonne enquête Cher Marcus! ;-)
    Charles, hem..Paris fait tomber plus d'une et plus d'un ;-)
    Loève, je lis si mal, si vous saviez...;-)

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  9. Bonjour,
    Oh cette photo m'a attirée car j'ai pris la même sur ce pont, mais de bleu vêtue.
    L'évocation de Paris ? Paris c'est toi que je retrouve, nous sommes sans cesse, nous sommes collés. Tes yeux m'en demandent encore et encore et me pressent. Et puis Paris c'est toi la dernière fois sur le quai de la gare de Lyon. Tu m'as rejointe mais je l'ai vu à ton pas lent, je l'ai vu aux plis de ta gabardine, à tes yeux qui cette fois fixaient le pavé. Paris c'est ce dernier taxi où tu m'a laissé. Toi sur le trottoir, gris, comme sans émotions, tout consommé. Moi dans le taxi et toute cette distance que j'allais mettre entre nous. Le taxi à l'aéroport et puis mes lettres qui y croyaient encore. Mais ton espoir en nous, sur ce trottoir du XVeme tu l'avais définitivement abandonné.
    Ô Paris. Pourtant je t'aime encore.

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  10. Paris triste...
    Moi aussi, je l'aime encore, et je ne veux pas croire en sa fin.
    Merci Pauline de ce beau texte.
    Solveig.

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  11. Je vous taggué les Filles !
    Encore...
    Je dois adorer ça !
    Personne n'est passé avant moi, hum ?
    Besos et voir passez sur mon blog SVP.
    Jack

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  12. Si on pouvait "raisonnablement" mettre un souvenir à la porte...Comme toi, je suis toujours celle qui parte, avec l'assurance du plus rusé des politiciens je m'éloigne de mon meilleur amour...

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Au plaisir de vous lire!