mercredi 25 novembre 2009

Paris#2



Elle attendait dans la pièce sombre, éclairée seulement par quelques spot judicieusement placés, de quoi mettre en valeur sa matière et sa couleur...
J'ai pu approcher mon visage, presque à le toucher.
Je me suis retenue de poser mon doigt.
J'ai ouvert les yeux et admiré sa lumière.
Paris était grise.
Mais mon coeur en fête.
Nous étions notre ombre et notre lumière, bras dessus bras dessous, nous ne nous quittions plus.
Le vent soulevait mon manteau, étirait vers le haut mon sourire ravi. Nous nous frôlions, anonymes, nous nous reconnaissions, tactiles.
Il ne m'a pas fallu longtemps pour retrouver mes repères, du bout des doigts, du bout des lèvres.
Nous nous sommes parcourus, d'artères en artères, ne reculant devant aucune impasse, explorant des quartiers inconnus, tous nos sens en éveil.

Jusqu'au bout de nos forces, jusqu'au bout de nos rêves, enfin réunis, nos désirs assouvis.
Ne plus partir, ne pas rentrer, rester un peu encore, contre toi, avec toi, en toi comme une invitée de passage, fidèle au-delà des temps, au delà des autres.
Paris, écrin précieux d'instants fragiles.



Que ce soit dimanche ou lundi
Soir ou matin minuit midi
Dans l'enfer ou le paradis
Les amours aux amours ressemblent
C'était hier que je t'ai dit
Nous dormirons ensemble

C'était hier et c'est demain
Je n'ai plus que toi de chemin
J'ai mis mon coeur entre tes mains
Avec le tien comme il va l'amble
Tout ce qu'il a de temps humain
Nous dormirons ensemble

Mon amour ce qui fut sera
Le ciel est sur nous comme un drap
J'ai refermé sur toi mes bras
Et tant je t'aime que j'en tremble
Aussi longtemps que tu voudras
Nous dormirons ensemble

Louis Aragon
"Vers à danser"


Découvrez Jean Ferrat!

8 commentaires:

  1. "Nous nous sommes parcourus, d'artères en artères, ne reculant devant aucune impasse" :

    Superbe...

    "Ne plus partir, ne pas rentrer, rester un peu encore, contre toi, avec toi, en toi comme une invitée de passage, fidèle au-delà des temps, au delà des autres." :

    Touchant...

    Mais mon amie, il vous faut partir...rentrer...et "le retour fera oublier l'adieu" comme le disent les marins....

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  2. Les marins disent cela? ils sont plus sages que moi, ou bien habitués aux départs et aux retrouvailles...sagesse des ans, sagesse humaine, qui lutte avec la passion...
    Merci mon amie ;-)
    Solveig

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  3. C'est drôle, je n'arrive pas à avoir ce regard tendre et complice sur la capitale. Peut-être parce que j'y ai vécu un an et demi avec une seule obsession : en partir.

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  4. Je connais un marin qui dit :" Content de partir, content de revenir." Ce qui revient au même...

    Pourtant il est des départs déchirants où on n'a pas envie de rentrer. Est-ce possible, Solveig ? ^^

    Beau poème, on se fait son Cinéma quand on voit posés les mots comme des plumes qui tournoient et se posent aux bons endroits. C'est renversant...

    Besos et bon mercredi les Filles !
    Jack

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  5. Paris serait heureux s'il lisait ça !
    Quel bel amoureux tu en à fais, tu le mets à tes pieds et je suis sûre qu'il adore et attention s'il te dit ne pars pas, tu ne pourrais résister...
    Avant même de descendre jusqu'en bas j'avais deviné la chanson de Ferrat !
    Merci à vous les filles du mercredi, tiens c'est une chanson aussi !
    Bises

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  6. Marcus: tendre? je ne crois pas que la capitale soit tendre, elle est mpitoyable! je l'ai juste vue avec des yeux différents, d'autre fois elle ne m'a pas plue. Elle m'a fait les yeux doux, elle s'est livrée, j'ai aimé.
    Jack: oui, c'est possible de ne pas avoir envie de rentrer, tout dépend de la force de ce qui te retiens...je n'ai pas failli cette fois...mais...ce n'était pas un adieu.
    Virginie, Paris à mes pieds? non, c'est me donner trop de pouvoir ;-)...Nous nous sommes livrés l'un à l'autre, créé des liens...Et en fait, je ne savais pas que ce poème était en chanson, ce sont les mots qui m'ont parlé, j'ai découvert la musique. Ferrat et Aragon, c'est une longue histoire!
    Solveig

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  7. il y a des marins alors dans la ville royale...?
    amarrés autour de l'île de la cité...? ou voguant en invisible dans le coeur des jeunes femmes romantiques...?
    une bien belle promenade en tous les cas... sensuelle et éterennelle... comme Paris...
    merciiii

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  8. Ben, pour sur qu'il y a des marins! j'en connais des Parisiens qui parcourent le globe après avoir parcouru la seine!
    Moi, j'ai parcouru, sans courir, partie à point nommé, profité, de tout...tout...et je recommencerai!
    Et de rien ;-) oui, Paris..mmmm...
    Solveig

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