jeudi 25 juin 2009

La cabine.

Je travaillais dans la lingerie.
Une maison assez connue, depuis longtemps, manufacture nationale, qui refusait de faire partir ses petites mains à l'étranger.
La première fois, j'étais un peu gauche, c'était si beau. Des satins, à la soie, en passant par le doux coton, je comblais le bout de mes doigts à palper les modèles que l'on mettait en valeur sur des mannequins froids et lisses.
Et puis, les femmes entraient dans la boutique, timides parfois, serrant contre elles leur sac à mains dissimulant leur poitrine. Elles se sentaient parfois si peu sûres d'elles, qu'elles achetaient sans essayer, sans regarder.
Quand je pris l'habitude de reconnaître les timides qui avaient besoin d'être réconfortées sur leur allure physique, je leur conseillais un modèle, je parvenais à deviner la taille, le bonnet. Je leur indiquais une cabine avec le sourire et le regards rassurants.
Alors, elles ouvraient l'épais rideau qui les cachaient du public et se dévêtaient...pour voir.
Parfois, le temps qu'elles y passaient me paraissait trop long, alors, je questionnais: "ça va?" et un soupir, mi déçu mi soulagé me répondait : "mouis, non, c'est trop grand non?"
Je disais: "je peux? " et à l'affirmative j'entrais dans la cabine boudoir, assez grande pour deux, toute molletonnée, capitonnée de rose, une grande glace qui disait tout, un fauteuil pour poser un pieds qui essaie un porte jarretelle.
Je vis des seins de toutes tailles, de toutes formes, j'en touchais quelques uns en rajustant la corbeille d'un soutien gorge en dentelle, je frôlais des épaules rondes, des satins de peau.
Ma saison préférée était l'été. La boutique était ventilée, les femmes plus légères vêtues encore, en robes qui voulaient montrer la bretelle du dessous, rivalisant dans le bronzage doré, les huiles de corps, ah, les grains de peaux.
Les plus assurées, les plus mûres, les plus effrontées, les plus jeunes, appelaient mon aide...j'ai croisé le regard de quelques unes me fixant brûlantes alors que je plaçais leur sein dans la paume de dentelle, je transpirais sous mon masque de boutiquière.
Il s'en fallait de peu...
Les femmes sont belles...

8 commentaires:

  1. comment ça "il s'en fallait de peu"...?
    ooooooohhhhhhhh le plus joli métier du monde que voilà... comme je suis un chat... pour ma prochaine vie, je demande à être vendeuse de lingerie...

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  2. N'est ce pas!
    Un chat? quel bel animal que voilà...

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  3. Hum, vous aimiez les gâteaux déjà, mais là, c'est la tarte aux poils...Oups !

    Ah, l'humour d'un Capitaine à barbe ! J'rigoulais...

    Besos
    Jack

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  4. Waouuuuu mais c'est vrai tout ça !
    Et pourquoi les femmes qui vous conseillent en lingerie en souvent envie de vous toucher les seins..
    Et elles le font, me le font...
    Et je suis toujours gênée et souvent troublée... Comme si toute seule je n'y arrivais pas, non mais !

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  5. Jack, avec les poils de barbe oui, ça démange...j'rigoule aussi ;-D
    Virginie, bien sûr que c'est vrai, et même si cela ne l'était pas, pourquoi bouder son plaisir à le croire...bienvenue et merci!

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  6. "le sourire et le regards rassurants."
    On en a vraiment besoin de cette marque de sympathie lorsque la peau n'est plus si satinée que ça, lorsque les seins ne sont plus si fermes que ça...
    Merci pour la tendresse que dégage cette note.

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  7. Mon commentaire s'est envolé au moment de le publier. Je ne le récris plus de peur qu'il ne revienne ; )
    Mais je reviendrai!!!
    Amitiés.

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  8. Dana, merci d'être passée ;-) ton commentaire ne s'était pas envolé, il est précieux, comme les rêves de femmes et l'attention qu'on leur porte...

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Au plaisir de vous lire!