4- L’endroit le plus insolite où vous ayez fait l’amour.
Ce n'est un secret pour personne que l'eau est mon élément favori.
J'y respire mieux que dans l'atmosphère, j'y bouge mieux que sur terre...
Ainsi, l'occasion de nager dans les océans étant rare, dès qu'elle se présente, je remue ciel et terre, corps et
postérieur, pour la saisir.
Sur ce bateau qui longeait la côte un jour de grand vent,
j'aperçus le marin qui m'avait chaviré le coeur, quelque part ailleurs.
Seulement voilà, ce n'était qu'un rêve, un songe, un sentiment d'ombre que cette silhouette lointaine, au
bastingage de l'esquif.
Cette nuit là, je m'étais laissée emportée par mon imagination, tout en nageant dans une eau phosphorescente, en compagnie d'amis qui nous avaient accompagnés sur le yacht de 15 m.
Nous avions mouillé l'ancre à l'abri d'un cimetière de bateaux, squelettes de bois, carcasses d'acier, tombeau des âmes de ceux qui avaient parcouru les ponts en courant pour souquer une voile qui
fasseyait.
Endroit étrange, où un certain respect du silence étant de mise, je nageais tranquillement, sans faire de ronds dans l'eau, sans laisser l'écume jaillir des mes bras, je glissais simplement.
Depuis une petite demi heure, mes amis avaient rejoint le bateau,
j'apercevais le mat blanchi par la lumière de la lune ronde et blanche.
Je distinguais parfaitement les tonnes de ciment, énormes rondelles dont le poids suffisait à maintenir amarrés les silhouettes fantomatiques.
Un peu lasse, et les yeux dans ceux de la lune amie, je décidais de grimper à l'une de ces tonnes, à l'aide des
chaînes qui en
faisaient un
corps-mort d'importance.
Une empreinte humide de pas se dessinait sur le ciment. Un nageur m'avait précédée sans doute!
A
tâtons, je m'assis, en silence, la bouche ouverte pour laisser passer mon souffle un peu haché par ma nage lente mais longue.
Un nuage assombrissait la nuit, en même temps qu'un souffle d'air se levait, vent de terre nocturne et frais, me faisant frissonner l'épiderme.
Je m'allongeais alors, pour me chauffer à la chaleur de la tonne, en même temps que je reprenais mon souffle.
J'avais les yeux fermés quand je sentis une présence. La nuit était bien avancée, la lune avait parcouru un quart du ciel, je n'y voyais plus goutte, me rendant compte que je m'étais assoupie, seule,
croyais-je.
Une main se posa sur mon pieds, une main mouillée. J'étais saisie de stupeur, immobile, ne
sachant si je devais crier ou partir. Brave, je me dis que cette main là était trop douce pour me vouloir du mal, d'ailleurs, elle grimpait le long de ma cheville, me donnant à la fois du froid et du chaud.
Je restais les yeux fermés, curieuse des sensations qui m'envahissaient.
Ma foi, c'était assez agréable.
La main de l'autre montait doucement et prit la mienne pour la porter sur un sein.
Qui n'était pas le mien!
Je vous laisse imaginer ...
Insolite, fut cette nuit fantasmagorique, merci de l'avoir rappelée à mon bon souvenir, Jack, Pirate au grand Tricorne.